Ainsi donc les caciques
du PS se sont gaussés, cette année, à fêter en grandes pompes
celui dont ils ont détruit le mythe à petit feu, à savoir le grand
chantre du socialisme français Jean Jaurès.
Celui-ci assassiné le 31
juillet 1914 par Raoul Villain au café du Croissant, présente à
lui seul toutes les contradictions du PS où forfaitures et luttes de
pouvoir passent bien avant les idées humanistes du Grand Homme. Mais
que ne ferait-on donc pas le PS actuel pour récupérer la figure
tutélaire de la gauche et fondateur de l'Humanité ?
Et pourtant, l'assassinat
de Jaurès arrangea d'abord les membres de la SFIO de l'époque peu
enclins à suivre l’icône dans cette dénonciation de la guerre de
14 qui arrivait et allait forcément avoir des répercussions
tragiques sur le « petit peuple », préoccupation
principale du leader socialiste.
Englués dans leur envie
d'adhérer à l' « Union sacrée », et prêts à
fricoter avec la droite, les responsables politiques de la mouvance
socialiste ne virent finalement pas d'un mauvais œil l'acte criminel
de Villain car au final celui-ci leur enleva une bien belle épine du
pied.
La première guerre
Mondiale éclata peu après et politiciens de gauche comme de droite
conduisirent à l'abattoir 1 700 000 de nos compatriotes.
La preuve en est que
Villain fut tranquillement acquitté à son procès en 1919, il fut
reconnu parfaitement innocent de toutes les charges qui pesaient
contre lui !, l'un de ses défenseurs était d'ailleurs un
ancien député socialiste …. Comme quoi, on n'est jamais aussi
bien trahi que par les siens !
Jaurès, non seulement
« ne parlait pas comme vous » mais ne faisait pas non
plus comme vous ! Son désintéressement était total et
contrastait furieusement avec vos agissements, faire du fric, placer
famille, maîtresses et amis, telles semblent être vos
préoccupations du quotidien .
Un événement de taille
marque le désintéressement sans ambiguïté de Jaurès, qui bien
que pourtant personnellement très croyant, s'évertua tant et si
bien en tribune à « bouffer du curé » qu'il prit une
part très importante à la mise en place de la loi sur la séparation
de l'église et de l’État en 1905.
Jaurès était, lui,
marqué par le sceau du courage et de la fidélité à une ligne
politique : celle du socialisme ! l’intérêt général
primant toujours sur l’intérêt particulier. Jaurès disait :
« la République, c'est le socialisme poussé jusqu’au
bout », c'est dire s'il ne reconnaîtrait pas aujourd'hui ses
enfants.
Nombre d'entre vous se
plaisent à dire que Jaurès était fils d'un grand notable du Tarn,
au destin tout tracé ... Foutaises ! Jaurès avait un don comme
chacun d'entre nous et il eut la chance de pouvoir l'exploiter,
orateur hors-pair dès le plus jeune âge, sa diction fit
l'émerveillement d'un directeur d'école puis d'un commis de l'Etat
qui le prirent sous son aile et lui garantirent les grandes études
qu'il méritait.
L'époque était propice
aux miracles et l’ascenseur social n'était pas en panne comme il
l'est maintenant, Jaurès, le fils de « monsieur
Tout-le-monde » devint émérite professeur de lettres et de
philosophie. Que deviendrait un talent comme Jaurès dans la France
d'aujourd'hui ?
Et comment aurait réagi
le grand Jaurès, sinon en grand tribun, poing rageur, en vengeur de
la classe laborieuse et des opprimés, quand en 1948, nos ancêtres
mineurs furent arrêtés, déportés, dépouillés de leurs maigres
biens, ou tués par l'acharnement d'un seul homme, ministre de
l'intérieur et membre de la SFIO, du funeste nom de Jules Moch, qui
envoya 60 000 CRS à l'assaut de 16 000 pauvres bougres, affamés par
les lois Lacoste, harassés par un travail de forçat et dont il
n'allait rester bientôt que la peau et les os.
Les quelques trop rares
rescapés de ce tragique événement attendent toujours une
hypothétique indemnisation et surtout une quelconque réhabilitation,
qui malgré les Miterrand, Jospin, Hollande et consorts tardent
décidément bien à venir. Et cela même si Mme Taubira souhaite que
cela se fasse vite. Eh oui, depuis ton départ, Jaurès, les
responsables du PS, habitués au cumul des mandats, aux ors de la
République et au café de Flore ont bien changé, devenus grands
obligés du patronat et du bourgeois, bourgeois eux-mêmes, se
délectent même à se moquer des petites gens.
Alors, Jean, du haut
de ma plus haute conscience de gauche, excuse les tous pour tout ce
tapage médiatique qui s'est fait et continue à reposer en paix. Tu
le mérites tant !
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